Localisée sur la commune de Lannion dans les Côtes-d’Armor, La tribu de Tachenn est une association qui se donne pour mission d’épauler les personnes de la rue et celles qui ne disposent pas d’un logement fixe. Pour ce faire, elle propose à la fois des ateliers de sylviculture et de charpente, mais aussi des solutions d’hébergement ainsi qu’un accompagnement administratif et sur la santé. Une démarche qui s’oriente en particulier vers les femmes. La Tribu de Tachenn compte parmi les 10 lauréates de notre 4e appel à projets. Portrait.
En France, 2 personnes sans domicile fixe sur 5 sont des femmes. Conscients des besoins importants que nécessite ce public, c’est en 2013 que Caroline Petit, éducatrice spécialisée, et Kevin Guignard, bûcheron, ont créé La Tribu de Tachenn (Tachenn signifiant terrain, domaine, en breton). D’abord cantonné à des rencontres informelles dans la rue, le petit groupe s’est développé, pour proposer notamment des chantiers de bûcheronnage organisés dans des espaces qui leur sont prêtés par la ville de Lannion. Une façon d’entretenir la végétation tout en reconnectant ces personnes à la nature. Au fur et à mesure, d’autres activités sont venues s’y greffer, notamment un atelier mécanique, un atelier miellerie et un atelier pépinière.
Ainsi, La Tribu de Tachenn œuvre à la protection et à la prise en charge des jeunes dans la rue, notamment les femmes, en leur donnant les moyens essentiels pour vivre décemment. D’abord sur le plan de l’hygiène, car ces femmes sont dans des conditions sanitaires déplorables. Ensuite, elles doivent réapprendre à se nourrir régulièrement et de façon équilibrée. De plus, les personnes vivant en rue peuvent souffrir de maladies, de blessures sérieuses, d’addiction ou encore de pathologies mentales. Pour ne pas faire de leur vie une survie, La Tribu de Tachenn entend proposer un ensemble d’activités et de services pour qu’elles puissent vivre dignement, se construire, tout en évitant de s’exposer aux violences de la rue.
Parmi tous ses dispositifs, La Tribu de Tachenn a lancé un projet de tiny house nommé Tiny Maouez : quatre habitats fixes, de type roulotte, qui accueillent des jeunes femmes vivant en rue. Des hébergements qui se complètent avec 10 emplacements dédiés à l’habitat nomade alternatif, accueillant des routards, des saisonniers, ainsi que des jeunes sans domicile fixe. L’ensemble forme une zone expérimentale, localisée sur la vallée du Milin Ar Faou, dans un lieu de vie innovant à dimension collective.
Au fil des mois et des années, ces jeunes ont pris progressivement possession des lieux, en étant à la fois force de proposition, et en créant eux même les installations qu’ils souhaitaient. C’est dans cette dynamique qu’ils ont d’ailleurs pu construire leur bureau, « un wagon » qu’ils gèrent de façon autonome et dans lequel ils reçoivent le personnel aidant qui vient à eux. Outre l’hébergement et l’accès aux droits communs, c’est tout simplement un quotidien qui s’organise dans cet espace boisé.
Caroline Petit, l’une des deux fondatrices de l’association, partage son regard sur ce projet :
“Il est important pour ces jeunes de se réunir en groupe, pour se construire, et quelque part se retrouver avec eux-mêmes. Il est essentiel pour eux de revenir à certaines bases, car ils sont souvent dépassés par le poids de la société qu’ils portent sur leurs épaules. À l’image d’un cercle, nous constituons un collectif qui leur redonne de la valeur, et leur montre qu’ils sont une véritable force.”
Grâce aux 10 000 euros que nous leur versons, la Tribu de Tachenn envisage d’acquérir deux bâtiments modulaires pour y placer des douches, en complément des roulottes déjà présentes. Des installations indispensables pour améliorer le confort des habitantes, et les accueillir dans les meilleures conditions. En somme, la Tribu de Tachenn partage des valeurs qui sont les nôtres, celles de l’inclusion et de la solidarité. Ces femmes ont besoin de stabilité et de trouver les ressources nécessaires pour vivre correctement. L’idée n’est pas de les réintégrer dans une société normée, mais de les aider à construire leur propre chemin. Nous sommes heureux de contribuer à ce beau projet.