À mi-chemin entre lieu d’expérimentation et lieu de vie, le Village Colibri explore l’habitat durable dans toutes ses composantes, des logements à ses occupants, de la gestion des ressources à celle de l’énergie. Une initiative qui verra bientôt le jour à Lorient, soutenue par notre fonds de dotation.
C’est en somme l’ambition que porte Guillaume Nicol, fondateur de l’association : « depuis toujours, je suis engagé dans la réduction de notre empreinte carbone, à l’échelle de ma famille tout d’abord. Mais j’ai très vite compris que les démarches individuelles n’étaient pas suffisantes : il faut limiter notre impact collectivement. » Il poursuit : « L’habitat m’est apparu comme étant une question centrale et critique. À l’origine, je voulais réinvestir les terrains vagues ou les parcs qui n’ont pas été aménagés pour les riverains. J’ai ensuite été inspiré par des initiatives locales, partout en Bretagne et dans la France, qui réinterrogent et réinventent le logement — comme les Hameaux Légers, association également lauréate du premier appel à projets de Kernae. »
Guillaume Nicol, initialement automaticien dans l’aéronautique, se forme et rencontre ces acteurs. Il envisage alors de créer un village où s’installeraient différents types d’habitat réversible (yourtes, tiny houses, etc.), tout en mettant à l’honneur l’écoconstruction et les matériaux biosourcés. La gestion des déchets, des eaux usées et de l’énergie sont au cœur de ce village : « là aussi, nous avons été inspirés par d’autres, en l’occurrence la Fumainerie à Bordeaux, qui a mis au point un nouveau système pour réutiliser et acheminer la matière organique oubliée. »
Ce village, Guillaume Nicol le veut pluriel et mixte, quels que soient les parcours de vie ou les profils socio-économiques de ses futurs habitants. Les étudiants de l’UBS (Université Bretagne Sud) y auront également une place de choix pour tester en conditions réelles les nouveaux modes de faire et de construire, aux côtés des filières professionnelles. « J’ai pris le parti d’installer ce village sur un terrain public pour y engager la collectivité. Même si je sais que ce projet aurait été plus simple à réaliser sur un foncier privé. » Village Colibri a déjà ciblé son emplacement idéal, qui reste à confirmer avec la Ville de Lorient.
Guillaume Nicol est en quelque sorte un assembleur d’idées innovantes glanées aux quatre coins de la France — comme la Ch’tite maison solidaire à Lille — ou testées dans des centres de recherches — à l’image du Low-tech Lab de Concarneau. C’est grâce à ces rencontres et aux expérimentations d’autres associations qu’il peut compter sur la force du collectif. Une approche qui nous est chère, et que nous soutenons au travers de Kernae.
Si le Village Colibri est un objectif, Guillaume Nicol n’oublie pas l’urgence de l’action : « nous sommes engagés dans le PULL — plan d’urgence logement dans le pays de Lorient — créé il y a un mois pour aider les nombreux actifs qui ne trouvent pas de toit, et pourraient finir à la rue. » Un appel à la mobilisation publique a été relayé dans les médias, pour loger 100 personnes d’ici le début de l’hiver. « Toutes les solutions sont envisagées : entre les locaux d’entreprise non utilisés la nuit (une idée des Bureaux du cœur), les immeubles vacants et l’habitat réversible », conclut Guillaume Nicol.